Dictature idéologique

L'autoritarisme des injonctions à l'engagement : quand l'obligation de choisir devient oppression

L’autoritarisme des injonctions à l’engagement : quand l’obligation de choisir devient oppression

La sommation permanente

« Votre silence est complice. »
« Choisissez votre camp. »
« Qui ne dit mot consent. »

On lit ça partout, à longueur de journée. Et ça sonne comme des évidences démocratiques. Mais derrière ces slogans se cache autre chose : une pression insidieuse, presque autoritaire. Comme si ne pas parler, ne pas s’afficher, devenait en soi un crime. Cette contrainte est étouffante. C'est ce que j'ai nommé en titre "L'autoritarisme des injonctions à l'engagement".

Aujourd’hui, plus besoin de bottes militaires ou de matraques. Le contrôle passe par la culpabilisation morale, les hashtags imposés, la peur de ne pas dire assez fort qu’on est « du bon côté ». Et celui qui se tait devient suspect.

Le silence, un droit oublié

Or le silence n’est pas une faute. C’est parfois un temps de recul, une façon de réfléchir avant de se jeter dans la mêlée. C’est aussi une protection, face à des débats qui tournent vite au lynchage.

Forcer les gens à s’exprimer sur commande, c’est exactement le mécanisme des régimes autoritaires : on exigeait jadis des acclamations publiques, aujourd’hui on exige un post, un partage, une indignation visible. La contrainte a changé de visage, pas de nature.

La logique binaire : ami ou ennemi

« Choisis ton camp. » Voilà la nouvelle règle du jeu. Plus de nuance, plus d’espace pour le doute. Soit tu es avec moi, soit tu es contre moi.

C’est la même mécanique que celle des régimes fascistes : l’ami absolu d’un côté, l’ennemi irréductible de l’autre. Et au milieu ? Rien. Le pluralisme disparaît, la complexité devient suspecte.

La surveillance sociale

Sur les réseaux, chacun devient le flic de l’autre. On guette : qui n’a pas partagé, qui n’a pas réagi, qui n’a pas utilisé le bon slogan ?

Alors, par peur, beaucoup finissent par adopter une indignation de façade. On écrit ce qu’il faut écrire, on s’aligne. Résultat : un faux débat, des discours lissés, et une impression trompeuse d’unanimité.

L’illusion de la participation

On nous dit : « Tout le monde est d’accord. » Mais c’est faux. C’est l’unanimité sous pression. On confond soumission et conviction.

Cette pseudo-participation donne bonne conscience au système, mais elle vide la parole de sa substance. On ne pense plus, on récite.

Résister par le droit au silence

Dans ce contexte, défendre certains droits devient un acte de résistance :

  • le droit au silence,
  • le droit au doute,
  • le droit à la complexité,
  • le droit de changer d’avis,
  • le droit de ne pas entrer dans chaque polémique.

Défendre la liberté de ne pas choisir

Le vrai autoritarisme n’est pas seulement dans les uniformes ou les emblèmes d’un régime. Il est dans cette exigence de se montrer, de choisir, de crier avec la foule.

Dire « je ne choisis pas », « je me tais », « je doute », c’est préserver la liberté de conscience. C’est protéger la démocratie contre sa caricature.

Parce qu’une démocratie qui ne tolère plus le silence… n’est déjà plus une démocratie.


Retour au blog

Laisser un commentaire